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LE CORAN.


100Lorsque tu lis le Coran, prie le Seigneur qu’il te délivre des embûches de Satan foudroyé.

101Il n’a point de pouvoir sur le croyant qui met sa confiance en Dieu.

102Sa puissance se borne à ceux qui le prennent pour patron, et qui l’égalent au Très-Haut.

103Si nous changeons un verset du Coran, les infidèles t’accuseront de ce changement ; mais Dieu sait ce qu’il envoie, et la plupart sont dans l’ignorance.

104Dis : L’esprit de sainteté[1] l’a apporté du ciel avec vérité, pour affermir les croyans, pour leur montrer la lumière et les promesses du Seigneur.

105Je connais leurs discours : un homme, disent-ils, dicte le Coran à Mahomet[2]. Celui qu’ils soupçon-


  1. L’esprit de sainteté : c’est ainsi que Mahomet nomme l’archange Gabriel.
  2. Les auteurs ne s’accordent point sur celui qu’on soupçonnait d’instruire Mahomet. Gelaleddin pense que c’était Caïn, chrétien que le prophète visitait de temps en temps. Jahia croit que c’était un esclave chrétien qui était libraire. Zamchascar dit que c’était un jeune homme nommé Aïch, qui travaillait dans la librairie, et qui était fervent musulman. D’autres prétendent que deux esclaves nommés Haber et Infer, armuriers à la Mecque, l’instruisaient. En effet, lorsque Mahomet passait devant leur maison, il entrait chez eux, et ils lui lisaient le Pentateuque et l’Évangile. Plusieurs croient que ces paroles, une langue étrangère, désignent Salman, Persan, dans lequel il avait beaucoup de confiance.

    Cette variété d’opinions peut nous conduire à la vérité. Mahomet voulant faire passer son livre pour divin, commença par protester qu’il ne savait ni lire ni écrire. Il feignit que la doctrine qu’il prêchait lui était révélée par Gabriel. Pour jouer ce rôle avec succès, il lui fallait des connaissances qu’un génie élevé ne peut pas donner seul. Il s’était instruit dans ses voyages. La retraite qu’il faisait chaque année dans une caverne du mont Tour, lui servait à lier ensemble les différentes parties de son système religieux ; mais il lui fallait connaître la religion chrétienne, la juive, et la tradition de son pays. Il ne pouvait puiser ces connaissances que dans les livres et dans le commerce des hommes. Aussi fréquentait-il les chrétiens, les juifs, les Persans ; aussi se faisait-il lire leurs livres sacrés. C’est pour cela qu’on lui reprochait d’être instruit par des hommes et non par des anges. Ainsi, les différentes opinions des commentateurs peuvent se concilier. Chacun des hommes cités aura contribue à instruire Mahomet. Il a ensuite combiné son système de religion, et composé le Coran.