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abrégé

pour avoir besoin d’un associé, Mahomet lui fit cette réponse : « Mahomet, apôtre de Dieu, à Moseïlama, le menteur. La terre appartient à Dieu. Il en donne l’héritage à qui il lui plaît. La victoire accompagnera ceux le craignent. » Les talens de Moseïlama ne répondaient pas à son ambition. Son règne fut passager. Il périt dans une grande bataille que lui livra Khaled, sous le califat d’Abubecr, et son parti fut anéanti.

Arwa, prince des Takifites, était absent lorsque les Musulmans assiégèrent Taïef. Il vint à Médine, et embrassa l’islamisme. Il voulut devenir l’apôtre de son peuple[1]. Mahomet lui représenta l’opiniâtreté des Takifites, et les dangers de son apostolat. Malgré ces avertissemens, Arwa alla prêcher ses compatriotes. La mort fut le prix de son zèle. Il fut tué d’un coup de flèche.

Caab, fils de Zohaïr, dont la tête avait été proscrite, osa retourner à Médine. Choisissant le moment où Mahomet était à la mosquée entouré d’un peuple nombreux, il parut au milieu de l’assemblée. Il prononça la profession de foi des Musulmans, et récita le poëme fameux que les Arabes regardent comme un chef-d’œuvre de l’art, et qui commence par ces mots : Ma félicité commence. Le jour désiré brille à mes yeux, etc. Mahomet fut si flatté des louanges du poëte, qu’il se dépouilla de son manteau et l’en revêtit[2]. C’est avec ce Caab que le docteur Prideaux

  1. Abul-Feda, p. 122.
  2. Le calife Moavia offrit à Caab dix mille drachmes de ce manteau, sans pouvoir l’obtenir. À la mort du poëte, il l’acheta de ses enfans pour vingt mille drachmes. Ce manteau devint un ornement des califes. Ils le portaient aux fêtes solennelles Elmostasem en était revêtu lorsqu’il parut devant Holagu, grand khan des Tartares. Il portait aussi à la main la canne de Mahomet. Holagu ayant fait brûler l’un et l’autre dans un bassin, fit jeter leurs cendres dans le Tigre. Ce n’est point le mépris, dit-il, qui m’a porté à brûler ces deux monumens précieux, c’est le désir de conserver