Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/106

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celui-là, quoique moins important, c’est qu’on est aimé de ses congénères ; par conséquent, on n’a pas à se défendre contre eux ; on est tranquille. Cela vaut mieux que de compter sur la crainte du gendarme. C’est en se faisant aimer, que l’athée honnête homme, dupe forcée de sa conscience exigeante, tire parti de la conscience morale des autres, et les dupe à son tour. Car il les dupe en se faisant aimer, puisque, même satisfait de lui-même dans sa conscience, il ne s’aime pas ; il sait trop que le déterminisme exclut le mérite et la responsabilité ; il est comme il est, sans avoir pu être autrement ; mais il accorde volontiers du mérite aux autres, puisqu’il sait que les autres se croient responsables. Un athée doit admirer chez son voisin une belle action, qu’il trouverait parfaitement nécessaire, s’il en avait été l’auteur (ou du moins s’il avait participé à sa perpétration, car l’athée sait bien qu’il n’a pas en lui un principe qui agit ; il sait qu’il est un rouage au milieu d’autres rouages).

L’athée ne croit pas à sa personnalité, à son individualité ; il se considère comme une succession de mécanismes réunis l’un à l’autre par le lien d’hérédité, et subordonnés aux conditions ambiantes. N’ayant pas de personnalité, il ne s’accorde aucun droit contre les autres qui se croient des individus. Il ne s’accorde aucun droit, mais sa conscience morale lui impose des devoirs, et les