Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/228

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débarrasser, même si notre raison nous en montre l’absurdité, et ce sera toujours là la plus grande objection au monisme, à savoir que l’homme, tel qu’il est fait aujourd’hui, ne peut plus vouloir être moniste, parce que son sentiment lutte contre sa raison. D’autres erreurs, si elles ne sont pas fixées encore dans notre hérédité proprement dite, nous sont néanmoins fidèlement transmises dans le langage que nous apprenons étant enfants, et qui contient, jusque dans sa syntaxe même, le dépôt intangible des erreurs ancestrales. Le critique scientifique du Journal des Débats a bien voulu supposer que, dans ma folie moniste, je devais avoir quelque peine à me priver, pour m’exprimer correctement, de toutes les commodités du langage actuel, et que, malgré mes efforts, je devais néanmoins arriver à m’y embrouiller moi-même. Cela est vrai, et je trouve plus commode, pour me faire comprendre de mes congénères, d’employer la même langue qu’eux, après avoir montré, une fois pour toutes, quelles conventions redoutables pour la raison se cachent dans les formules les plus courantes. Mais quand on a affaire à des adversaires aussi convaincus de leur bon droit que les dualistes, il ne faut pas prêter le flanc, même après avoir fait une restriction de cet ordre, et j’en donnerai tout à l’heure un exemple en signalant les critiques faites à un essai moniste sur les phénomènes de mimétisme et d’imitation.