Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/272

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même qui choisit le sens dans lequel elle veut se développer ?

« Essayons de retracer quelques traits d’une histoire que nous ne savons ni l’un, ni l’autre. Vous avez trop conscience de notre double ignorance pour ne pas excuser les pauvretés que je dirai. Si vous voulez être très indulgent, vous tiendrez compte de la difficulté que vous avez si bien mise en lumière (et que je sentais fortement en écrivant ma dernière phrase), de la nécessité de se servir du langage humain, où nous nous sentons empêtrés quand nous essayons de nous dégager du réalisme naïf qui a présidé à sa formation.

« Commençons par la sensation : c’est bien avant le déluge. Où apparaît-elle dans la série animale ? En avez-vous saisi la trace dans les êtres inférieurs que vous vous plaisez à étudier ? Pour qu’elle aboutisse à la mémoire, sans laquelle un commencement de conscience est impossible, il faut que l’être vivant qui a éprouvé une sensation ait été modifié par cette sensation, qu’il ne soit plus le même qu’avant de l’avoir éprouvée, que cette modification lui permettra de reconnaître une sensation déjà éprouvée, et qu’un lien, une certaine unité, s’établissent entre les sensations successives.

« L’individu se distingue, ou croit se distinguer, de ce qui n’est pas lui : il coordonne ses sensations