Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/100

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ni les hommes, ni les bancs d’huîtres de son municipe natal. Tréguier est pour lui la dernière ville du monde, la plus sale, la plus bête, la plus encroûtée de superstition qui soit…

Ô le Tréguier de Renan, avec sa cathédrale, chef-d’œuvre de légèreté, fol essai pour réaliser en granit un idéal impossible, avec les hauts murs de ses communautés religieuses, son atmosphère de spiritualité, ses sonneries aériennes, les chevaliers et les dames de ses enfeux, dormant leur levrette à leurs pieds et un grand flambeau de pierre à la main…

Ô le Tréguier de nos illusions !


II
BRIZEUX ET RENAN


Le même jour, à la même heure, sur deux points de la Bretagne, on honora cette semaine deux écrivains célèbres : Auguste Brizeux et Ernest Renan.

Les fêtes de Brizeux furent toutes littéraires : leur organisateur, M. René Saïb, s’était arrangé pour que la fâcheuse politique n’y montrât pas le plus petit bout de l’oreille. Il faut l’en féliciter. Les Bleus de Bretagne, qui prirent, l’an passé, l’initiative d’élever un monument à l’auteur de la Vie de Jésus, ne se sont point imposé la même réserve : ils ont convoqué autour de l’effigie de ce parfait réactionnaire tout le ban et l’arrière ban du radicalisme ; ils ont ravalé ce grand dilettante aux proportions misérables d’un anticlérical