Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/109

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Brigant, le vieux M. Duigon (sic), qu’ils ne connaissent que sous le nom de M. Système, au milieu de cinq ou six volumes dépareillés, — tout ce qui restait sans doute de sa librairie, — gisant à terre pêle-mêle avec des oignons, dans un désordre aussi pittoresque qu’eût pu le souhaiter Walter Scott. L’homme était lui-même la plus curieuse antiquité que j’aie rencontrée en Bretagne. Le pauvre vieillard, seul, couché sur une chaise séculaire, sans soin filial, sans famille, se mourait de la fièvre entre une grammaire irlandaise et une grammaire hébraïque. Il se ranima pour me déclamer quelques vers bretons sur un rythme emphatique et monotone qui pourtant n’était pas sans charme. Je ne pus voir, sans compassion profonde, ce représentant de la nationalité celtique, ce défenseur expirant d’une langue et d’une poésie expirantes. »

Le texte no 2 diffère sensiblement, comme on voit, du texte no 1. Les cinq ou six mille volumes sont réduits à cinq ou six, et il peut n’y avoir là chez Mme Michelet, qu’une erreur, un oubli de copiste. Mais d’autres traits sont visiblement de Michelet lui-même : la « librairie », les « oignons », le « savant ami de Le Brigant ». Enfin les trois points qui suivaient l’initiale ont disparu et nous avons cette fois le nom en entier, mais légèrement estropié : Duigon.

C’est Le Duigou qu’il faut lire. On sait comme en manuscrit l’n et l’u présentent de ressemblance[1].

  1. Une erreur de copie me fit à moi-même imprimer Guigou dans l’Éclair et le Monde illustré.