Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/174

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révèlent, dans le premier grenadier de France, un homme d’affaires fort avisé, très jaloux de ses droits, signant avec complaisance, à la veille même de la Révolution, des noms et titres de « seigneur de Keryolet, de Kerstrat, de Guernavillin et d’autres lieux ». Tantôt il s’y plaint des dégradations d’arbres commises par le fermier Jean Bozec ; tantôt il négocie avec le chargé d’affaires du marquis de la Jaille pour l’affranchissement d’une petite rente de cinq francs que lui doit ce dernier et dont il demande la somme de douze louis. Somme excessive, lui répond son correspondant.

« Il me semble que vous en demandez beaucoup trop cher ; je crois que, si je la payais le denier 25, elle serait bien payée ».

Ailleurs, La Tour d’Auvergne s’enquiert près de Mme de Cornouailles si la rente qu’elle possède sur le Guern Veil est une rente domaniale et foncière : comme il possède une rente de même nature sur ce domaine, il ne serait pas fâché de faire valoir ses droits. Et tout le reste de la liasse de lettres est sur ce ton. La Tour d’Auvergne ne met sans doute aucune âpreté dans ses réclamations, mais il entend que ses vassaux acquittent à jour fixe leurs redevances, que ses bois et ses tailles ne soient pas appauvris par des coupes à blanc étoc, que les acheteurs lui donnent des fagots et des pieds d’arbres le prix qu’ils valent — et même un peu plus. Son mandataire n’y perdra rien. C’est en l’espèce l’abbé Le Bozec, curé de Courlizon, paroisse de Ploaré, près Douarnenez. S’il mène l’affaire comme il faut, il lui reviendra un Louis de