Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/192

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violette qu’opprime la formidable stature de l’Hécla. Nulle végétation que de l’herbe, des lichens et des mousses. À Akoreyri pourtant, la seconde ville de l’Islande, on montre un phénomène : c’est un arbre, un arbuste plutôt, le seul de toute l’île, pauvre sorbier rachitique, poussé là on ne sait comment et qui n’en fait pas moins l’orgueil des indigènes.

Qu’à plus juste titre ils se prévaudraient de la beauté de leurs filles ! Peut-être le renom des « vierges islandaises » n’est-il point aussi universel que le pensait lord Dufferin, qui, dans un toast en latin, chez le gouverneur de Reikiavik, affirma sérieusement que la beauté de ces vierges « était appréciée du monde entier ». Il est vrai, du moins, que, dans leurs corsages aux riches agrafes étroitement collés sur le buste, avec leurs mîtres de fête comme sous la petite calote plate de drap noir qu’elles portent en semaine et dont la pointe, qui bat sur l’épaule, passe dans un coulant de métal, les filles d’Islande ne laissent pas d’être de dangereuses rivales pour les filles de Bretagne.

Elles ont, comme les laitières de l’Oberland, de longues nattes de cheveux blonds qui leur pendent jusqu’à la ceinture, des yeux couleur de fiord, de grands fronts lisses, la peau blanche, la taille souple et le cœur sur la main.

Si l’on en croit les méchantes langues, nos pêcheurs n’auraient pas toujours été insensibles à tant de perfections. Vingt récits en courent aux veillées, qui témoignent de la redoutable puissance des « vierges islandaises ». Jeté par un naufrage sur les rochers de Patrix-Fiord et recueilli dans un des petits bœrs du