Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/249

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Ce serait charmant, si tout le bas du vallon n’était gâté par des cheminées d’usines, ces tristes obélisques de notre civilisation industrielle, comme les appelle quelque part Victor Hugo. La diligence escalade une rampe à pic, s’engouffre dans Windsor-Road : Please come down, ladies and gentlemen ! Autrement dit : tout le monde descend. Nous mettons pied à terre et, par le plus joli petit sentier artificiel du monde, — un sentier de keepsake, tout ombragé de beaux arbres, macadamisé comme un trottoir, avec des bancs en retrait dans des hémicycles de verdure : un petit sentier suffisamment irrégulier pour donner l’illusion de la vraie campagne, mais retouché avec cette discrétion élégante, ce sens du confort que l’Anglais introduit partout et qu’il a fini par communiquer aux Gallois ; un petit sentier qui, comme tous les sentiers qui se respectent, passe sur un pont rustique de branches entrelacées, où (toujours comme dans les keepsakes) un digne mendiant patenté, sourd aveugle et chenu, sollicite votre générosité par l’intermédiaire d’un grand écriteau noir, pendu à son cou et portant en grosses lettres blanches : Kind Friends, I am total blind and deaf, caused hy an explosion, — nous débouchons devant une immense plage de galets, flanquée de grands hôtels, de restaurants, de tea-rooms, et toute grouillante de marmots et de nourrices.

Le populaire a visiblement envahi Penarth depuis la création des nouveaux docks et des bassins en eau profonde. Le high-life cardiffois se porte plus loin, de l’autre côté de la Manche de Bristol, à Weston, qui s’étire paresseusement dans une jolie crique de sable