Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/252

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fait beau, un livre ou une revue à portée de la main. Il y a un orchestre à bord et un buffet. Tous deux sont passables, et voilà bien des raisons pour qu’on ne descende point chercher à terre ce qu’on trouve sans se déranger céans : du rêve, des rôties et du thé.

Un coup de sifflet suivi du sacramentel : Study ! « Attention ! » et nous remontons vers Cardiff, en longeant la côte.

Mais, sauf la grande falaise à échelons qui porte Penarth et dont la coupe verticale permet de saisir le curieux travail de stratification, il n’y a rien à voir d’intéressant et nous sommes bloqués presque tout de suite entre une triple haie de navires et l’interminable jetée en pierres brutes au bout de laquelle, dominant le port et les docks, s’érige le haut beffroi de la Cardiff Railway Company.

Ces docks de Cardiff sont cependant une merveille et on les tient à juste titre pour des modèles du genre. À certaines heures de l’après-midi, leur animation est prodigieuse. Il faut aller là pour apprécier toute la valeur du proverbe anglais : Time is money. L’automatisme y est poussé à ses dernières limites ; les wagons débouchent sur le port par longues files ; leur contenu est immédiatement saisi par des grues hydrauliques qui le versent dans les soutes des navires. Tout cela est réglé à une seconde près et l’on sait exactement le nombre de minutes qu’il faut pour charger un millier de tonnes de houille.

Des omnibus stationnent à la sortie des docks ; nous grimpons dans le premier qui s’offre et la rentrée s’opère par les faubourgs ouvriers, noirs de monde,