Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/260

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C’est vraisemblablement aussi ce rigorisme qui, étendu aux cimetières eux-mêmes, leur donne le caractère un peu sombre dont se plaint M. Le Breton.

« Là, dit-il, point d’emblèmes religieux, pas de jardinets soigneusement entretenus par la famille ou les amis de celui qui dort dans une terre bénite. Rarement des croix. De l’herbe et des pierres noirâtres. Pas de prières sur les tombeaux ; pas de visites quotidiennes aux cimetières, comme dans cette bonne Bretagne. Un oubli complet et dans cet oubli un complet silence ! »

Accordez maintenant cette description avec ce passage de M. Alfred Erny sur les cimetières gallois :

« Dans la cour de l’église, on retrouve le touchant usage français de parer les tombeaux de fleurs. Dans la semaine qui précède Pâques ou la Pentecôte, on renouvelle sur la terre des tombeaux les plantes et les fleurs qui les poétisent. La rose blanche orne la tombe d’une jeune fille ; la rose rouge est destinée aux trépassés qui se sont distingués par leurs vertus. Toucher à ces plantes serait un sacrilège ; un parent ou un ami peut seul en détacher un feuille ou un rameau qu’il lui est permis de porter en souvenir du défunt. Les pierres tumulaires qu’on élève aux deux bouts de chaque tombe sont blanchies à la chaux à chaque fête annuelle. Ces usages sont communs à toutes les conditions sociales. Même sur les tombeaux placés dans l’intérieur des églises, les amis survivants viennent un jour de chaque semaine déposer des fleurs, au moins pendant tout le cours de l’année qui suit la mort de la personne aimée. »