Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/270

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avec un flair admirable devant les ladies et les gentlemen qui lui paraissent susceptibles de quelque générosité, les sollicitant du regard, et, au besoin, comme vous venez de le voir, les tirant par la manche[1]

Je versai mon obole dans le tonnelet du brave animal qui m’en remercia par un jappement sonore et nous quitta peu après, comme le train entrait en gare.

Un wagon-salon nous y avait été réservé. Sur la portière extérieure, comme sur celle des autres wagons, s’étalaient complaisamment les armes de Galles : le dragon rouge, la chèvre blanche et la devise en

  1. Les chiens quêteurs sont décidément une institution répandue dans tous les pays anglo-saxons. On me signale à New-York le pendant de Léo et de Jack. Il s’appelle Jip et on le peut voir chaque jour, soit dans Fifth Avenue, soit aux abords de Madison-Square, car Jip connaît très bien les endroits élégants où passent de préférence « ceux qui donnent ». En effet, Jip est un chien mendiant. Sur son dos, une petite caisse de bois, bien assujettie par des courroies, porte l’inscription suivante : « Donnez pour les pauvres petits malades de Children’s Hôpital. » Et, quand il passe près d’un monsieur affairé, d’une dame à toilette tapageuse, Jip fait sonner l’argent de sa caisse et aboie doucement pour attirer l’attention des heureux de ce monde. En sept ans, il a ainsi récolté pour l’hôpital plus de vingt-cinq mille dollars. Tous les samedis, à midi, il se vend dans une des principales banques de Broadway et gratte à la porte du caissier. Celui-ci prend le contenu de sa caisse, inscrit la somme sur ses livres et en établit un reçu en règle qu’il remet dans la boîte. Puis le dévoué Jip d’un bond court à l’hôpital des enfants rapporter le témoignage hebdomadaire de son intelligence et de son zèle.