la même organisation de la famille se retrouve chez les
crofters écossais et dans quelques îles du Solway et
de la Clyde ; elle est un legs du passé comme le reste
et elle suffit en tout état de cause pour montrer la distance
qui sépare le Cornouaillais des hautes terres du
Breton de la plaine et des côtes, plus éveillé peut-être,
d’esprit plus délié, mais plus aisément perméable à
l’influence étrangère. Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on
remarque que « le génie des populations est partout
en harmonie avec le sol qui les nourrit ». Le génie
cornouaillais est du même grain que le granit de son
sol : même consistance ; même imperméabilité. Le
milieu ici a vraiment fait l’habitant ; on peut le vérifier
sur la plupart des hommes supérieurs que nous
a donnés la Haute-Cornouaille, mais sur aucun, je
pense, mieux que sur François Jaffrennou. Séparé
de son milieu d’origine, Jaffrennou devient inexplicable.
Il fallait cet air large et tonique des sommets,
ces longues articulations de rocs, échine géologique
de la Bretagne, ces bois secrets, ces landes mornes,
ces eaux vives des vallées, tout ce terroir spécial de
Carnoët-Poher, âpre seulement à la surface et qui découvre
au regard de l’analyste les plus magnifiques
réserves de sensibilité, pour produire le représentative man
qu’est l’auteur du Barzaz Taldir, parfait
exemplaire du tempérament et de l’esprit cornouaillais.
Sa forte personnalité est toute faite d’éléments et
de traits empruntés aux vieux montagnards de son
pays : elle ne doit rien ou presque rien à la culture
française. Guingamp, Saint-Brieuc, Morlaix, Rennes,
où Jaffrennou s’initie à cette culture, ne peuvent en-
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