Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’un demeure, et M. Louis Havel. M. d’Arbois de Jubainville, M. Gaidoz, M. Félix Hémon, M. Loth, sont toujours de ce monde.

Peut-être y avait-il quelque imprudence à troubler leur repos : rien nest terrible comme un philologue déchaîné, si ce n’est peut-être un folk-loriste qui s’échauffe. Mais, justement, la question de l’authenticité

    Barzaz-Breiz, l’hyper-critique était inconnue ; s’il s’est permis quelques licences, ce sont celles dont l’illustre Fauriel lui n’ait donné l’exemple en recueillant les chants grecs. Ainsi que l’a remarqué M. de Kerdrel, M. de La Villemarqué a eu le tort d’être de son temps ; on ne se croyait pas forcé alors de ramasser le minerai avec le diamant.

    Peut-être ses appréciations historiques peuvent-elles se discuter, et son imagination a-t-elle quelquefois égaré son érudition. Mais tous ceux qui ont recueilli des chants populaires savent la difficulté de les préciser. Les noms propres y sont souvent tronqués ou diffèrent dans les variantes d’un même chant. En quoi, d’ailleurs, la beauté, le souffle du Tribut de Nominoë seraient-ils diminués, parce que le nom du chef serait moins illustre ? Il est aussi au moins bizarre de s’étonner de rencontrer dans les chants bretons les noms de l’histoire de Bretagne.

    Leur correction est, paraît-il, un autre objet de scandale. Mais si, lorsqu’un enfant récite une fable, on lui souffle le mot qu’il falsifie, peut-on s’étonner que l’auditeur du chant populaire y remplace l’expression oubliée et qui paraît indiquée par le bon sens et l’enchaînement du texte ?

    J’ai entendu M. de La Villemarqué discuter amicalement avec M. Luzel assis à sa table. — « Vous marchez où nous tatonnions, disait mon père ; vos méthodes sont fixées. » Et, devant la candeur et la bienveillance de son hôte, le