Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/119

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comme autrefois « le repos et le silence ». Mais où s’est le mieux marqué le respect des héritiers de Madame de Sévigné pour les lieux qu’elle illustra, c’est dans l’entretien du jardin à la française, demeuré tel que le dessina Le Nôtre et que le vit la marquise, avec sa charmille de tilleuls, plus âgés seulement de quelques centaines d’années, mais si robustes encore, ses beaux orangers disposés dans leurs caisses autour de « la place Coulanges », sa grille à cinq ouvertures, nommé « la porte de fer », son « écho » célèbre et qui n’a point cessé d’être un « petit rediseur de mots jusque dans l’oreille », son cadran solaire, ses pelouses, ses pavés et ses jasmins. Sauf quatre cèdres assez beaux, mais qui n’ont que la bagatelle de cent cinq ans, tout ce que vous voyez céans est contemporain du grand siècle et en remémore les splendeurs…

Bon ! direz-vous. Mais le labyrinthe, ce labyrinthe dont l’édification avait coûté tant de soins à la marquise et dont elle écrivait avec un orgueil tout maternel : « Il est net, il a des tapis verts et les palissades sont à hauteur d’appui » ?

Eh ! oui, sans doute, le labyrinthe ! Mais d’abord le labyrinthe ne faisait pas partie du jardin ; on l’avait logé sur les derrières. Puis, Madame de Sévigné s’en était bien dégoûtée sur la fin : elle l’appelait son « galimatias ». Tant y a qu’on l’a remplacé par des carrés de choux et des planches de salades. Le labyrinthe n’est plus qu’un potager.

Mais les bois, le parc, le manoir nous restent, et c’est assez, avec les Lettres de la marquise.

Magnifique accord du paysage et de la tradition