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le soir, à la marée montante. L’après-midi, les vêpres finies, tout le monde, petits et grands, se dirigent vers le Château. Ce « château » n’est autre que des rochers amoncelés les uns sur les autres et qui se prolongent jusqu’à la passe de l’île Milliau, ayant à droite ou au nord le port de Trouzoul et, à gauche ou au midi, la baie de Lannion[1]. Là, sur la pelouse, on se recrée. Il y a bière, cidre, vin, café, liqueurs et eau-de-vie. On danse, on fait la boule ; les enfants s’amusent, courent, trottent, luttent, se baignent, et le coucher du soleil les ramène à leurs foyers. C’est pour les habitants de Trébeurden, malgré que ce jour soit celui du pardon de Lannion, un jour auquel il faut que tout Trébeurden participe, sous peine de ne pas être agréable à saint Jean du-Doigt.


IV. — SUR LA MOISSON


La dernière charretée de denrée qui vient du champ est ornée de verdure et de fleurs et, lorsque la mécanique la bat, l’aire est remplie de hourrahs, et la maîtresse de maison, ou la personne la plus honorable de l’endroit, est portée sur la dernière gerbe, assise sur une civière. Tout le monde la suit et crie à tue-tête.

  1. L’abbé Lavissière ajoute, dans un autre endroit de son « Registre » qu’on y voit encore, dans le fossé d’un champ voisin, une pierre ayant la forme d’un hexagone, avec un carré au centre. « On raconte, dit-il, que sous cette pierre il y a un trésor de caché. Le couvent des moines de Bégard est non loin de cette pierre. Elle est aujourd’hui dans un champ clos et, de leur temps, elle se trouvait sur un placitre, dépendant de cette communauté. J’aime à croire qu’elle a dû y être placée pour servir de niche à quelque statue. »