Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/28

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Coupaïa n’y pouvait rien. Si elle le chassait, il allait boire aux auberges de Landrellec et revenait saoul. Elle ne lui donna plus d’argent : il but à crédit. Elle menaça les aubergistes de ne point payer : il hypothéqua son patrimoine. Et, pendant que leur ruine se consommait ainsi, elle avait vu Thomassin rentrer du service, passer douanier, grossir ses revenus intacts du produit de sa solde, toute cette chance imméritée, quand ses prières à elle, ses jeûnes, ses longs pèlerinages nu-pieds, dans les nuits glacées de décembre, n’aboutissaient qu’à un surcroît de misère !

— C’est toi, Yves-Marie ? dit le timbre clair de Thomassin. Je suis justement de relève. Descendons à Landrellec, si tu veux.

— Nous sommes bien ici, dit Salaün.

Il avait l’œil bas, la parole sourde, une mine fouettée qui faisait peine. Le douanier s’en aperçut.

— Qu’est-ce qu’il y a ?

— Il y a… dit l’homme.

Il hésitait, soupirait et ne trouvait pas ses mots.

— Mais parle donc ! dit Thomassin.

— Ah ! Va Doué ! C’est vrai, autant que tu