Page:Le Goffic - Poésies complètes, 1922.djvu/182

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Gwion, ta bien-aimée est de retour ici.
Votre peine fût pareille ;
Que votre heur le soit aussi !
Dès que l’orbe de la lune
Aura touché l’horizon,
Secouant sa pâmoison,
Ici même, sur la dune,
Urgande renaîtra dans sa jeune saison.
C’était pour reposer sa tête endolorie
Que la dune, ce soir, s’était toute fleurie.
Éveille-la, Gwion ; puis partez tous les deux.
Partez, fuyez, âmes légères,
Couple charmant et hasardeux.
Reprenez vos ébats au milieu des fougères.
Partez, retenez seulement
De vos épreuves passagères
Qu’il vous faut obéir à mon commandement
Et qu’on n’offense pas Myrdhynn impunément !

(L’apparition s’évanouit. Une lune rose s’éveille sur la mer. Et voici que, de sa couche parfumée, Urgande — une Urgande nouvelle, délicieusement jeune et jolie, — s’étire doucement, lentement. Gwion, qui ne peut croire à son bonheur, hésite à la reconnaître. Et, tout à coup, on le voit qui s’élance.)