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Aucun souffle n’émeut cet impalpable tulle.
Et, cependant qu’à pas feutrés le crépuscule
Descend le chemin creux qui mène vers l’étang,
Le silence avec lui glisse, plane et s’étend.


II



Est-ce à Gurunhuel, à Botmeur, à Crozon ?
Du soleil qui chavire au ras de l’horizon,
Tel un brick torpillé dont la membrure éclate,
L’adieu s’exhale en jets de soufre et d’écarlate.
Puis tout s’éteint et tout s’apaise par degrés.
Un fin croissant de lune argente les Arrhes
Et découpe en plein ciel leurs graves silhouettes,
Qui rêvent dans le soir au bord des eaux muettes.
Et c’est comme une attente et c’est comme un secret.
Les couples se sont tus sur la route : on dirait,
À l’obscure langueur qui soudain les pénètre.
Que quelque chose d’infiniment doux va naître.



III


 
On ne voit plus l’église, on ne voit plus la lande.
Est-ce à Trédrez, à Guéradur, à l’Île-Grande ?