Page:Le Grand Meaulnes.djvu/109

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une folie. Il ne faut pas que nous montions cette fois dans le même bateau. Adieu, ne me suivez pas.

Meaulnes resta un instant interdit, la regardant partir. Puis il se reprit à marcher. Et alors la jeune fille, dans le lointain, au moment de se perdre à nouveau dans la foule des invités, s’arrêta et, se tournant vers lui, pour la première fois le regarda longuement. Était-ce pour lui défendre de l’accompagner ? Ou peut-être avait-elle quelque chose encore à lui dire ?…


Dès qu’on fut rentré au domaine, commença, derrière la ferme, dans une grande prairie en pente, la course des poneys. C’était la dernière partie de la fête. D’après toutes les prévisions, les fiancés devaient arriver à temps pour y assister et ce serait Frantz qui dirigerait tout.

On dut pourtant commencer sans lui. Les garçons en costumes de jockeys, les fillettes en écuyères, amenaient, les uns, de fringants poneys enrubannés, les autres, de très vieux chevaux dociles. Au milieu des cris, des rires enfantins, des paris et des longs coups de cloche, on se fût cru transporté sur la pelouse verte et taillée de quelque champ de course en miniature.

Meaulnes reconnut Daniel et les petites filles aux chapeaux à plumes, qu’il avait entendus la veille dans l’allée du bois… Le reste du spectacle lui échappa, tant il était anxieux de retrouver