Page:Le Grand Meaulnes.djvu/183

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n’a pu trouver l’entrée. Cela se découvre à l’heure la plus perdue de la matinée, quand on a depuis longtemps oublié qu’il va être onze heures, midi… Et soudain, en écartant, dans le feuillage profond, les branches, avec ce geste hésitant des mains à hauteur du visage inégalement écartées, on l’aperçoit comme une longue avenue sombre dont la sortie est un rond de lumière tout petit.

Mais tandis que j’espère et m’enivre ainsi, voici que brusquement je débouche dans une sorte de clairière, qui se trouve être tout simplement un pré. Je suis arrivé sans y penser à l’extrémité des Communaux, que j’avais toujours imaginée infiniment loin. Et voici à ma droite, entre des piles de bois, toute bourdonnante dans l’ombre, la maison du garde. Deux paires de bas sèchent sur l’appui de la fenêtre. Les années passées, lorsque nous arrivions à l’entrée du bois, nous disions toujours, en montrant un point de lumière tout au bout de l’immense allée noire : « C’est là-bas la maison du garde ; la maison de Baladier ». Mais jamais nous n’avions poussé jusque-là. Nous entendions dire quelquefois, comme s’il se fût agi d’une expédition extraordinaire : « Il a été jusqu’à la maison du garde !… »

Cette fois, je suis allé jusqu’à la maison de Baladier, et je n’ai rien trouvé.


Je commençais à souffrir de ma jambe fatiguée et de la chaleur que je n’avais pas sentie jusque-