Page:Le Grand Meaulnes.djvu/222

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blonde pesait sur son front et sur son visage, délicatement dessiné, finement modelé. Sur son teint très pur, l’été avait posé deux taches de rousseur… Je ne remarquai qu’un défaut à tant de beauté : aux moments de tristesse, de découragement ou seulement de réflexion profonde, ce visage si pur se marbrait légèrement de rouge, comme il arrive chez certains malades gravement atteints sans qu’on le sache. Alors toute l’admiration de celui qui la regardait faisait place à une sorte de pitié d’autant plus déchirante qu’elle surprenait davantage.

Voilà du moins ce que je découvrais, tandis qu’elle descendait lentement de voiture et qu’enfin Marie-Louise, me présentant avec aisance à la jeune fille, m’engageait à lui parler.

On lui avança une chaise cirée et elle s’assit, adossée au comptoir, tandis que nous restions debout. Elle paraissait bien connaître et aimer le magasin. Ma tante Julie, aussitôt prévenue, arriva, et, le temps qu’elle parla, sagement, les mains croisées sur son ventre, hochant doucement sa tête de paysanne-commerçante coiffée d’un bonnet blanc, retarda le moment — qui me faisait trembler un peu — où la conversation s’engagerait avec moi…

Ce fut très simple.

— Ainsi, dit Mlle de Galais, vous serez bientôt instituteur ?

Ma tante allumait au-dessus de nos têtes la lampe de porcelaine qui éclairait faiblement le