Page:Le Joubioux - Doué ha mem bro.djvu/69

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— 65 — Je vous conduirai âSte.-Anne pour prier pour votre père. — Oh ! oui, nous serons obéissauts et laboriem, bonne [mère I — Ma soeur, as-tu souvenir de notre tante Jannik ? Quand elle nous disait ses contes, nous étions muets, nous [ne disions pas le mot. Elle parlait d’un char, d’un char plein de feu, Qui traversait, de nuit, le pays, et Satan était dessus ! EUe parlait de ceUes qui, pour mal faire, Vont chaque samedi soir sur la mer, n’ayant sous leurs [pieds que leur tablier ! — Quand venait l’été, nous mangions notre souper près [de la porte : Pour préparerlecouvert, nous navions pas grand’peine. Nous avions pour siége une pierre, pour table nos genoux ; Et, en guise de vin, nous buvions du lait plus blanc que la [neige. — As*tu souvenir du bruit, du léger murmure Qui s’élevait d’auprès de chaque porte, le long du village ? Nous riions de coeur, oh ! oui, de grand cceur ; Et, avant daller aulit, nous priious Dieu notre père. Ma sceur, te souviens-tu que, lorsque japprenais le latin, Tu venais, toute courroucée, menlever tous mes livres ? — Moi je me rappelle le» coups, les légers coups Que tu appliquais, avec une gaule, sur les épaules de ton [frère Jean. Tu disais : laisse, mon petit Jean, laisse ton dictionnaire, Et soyons toujours, comme auparavant, la petite soeur et [le frère. Ma sceur, as-tu souvenir de notre enfance ? Moi je n’ai jamais oublié ce temps.