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304 LE KORAN.  
  1. Lorsque tout ce cortège arriva à la vallée des FOURMIS, une d’entre elles dit : O fourmis ! rentrez dans vos demeures, de peur que Salomon et ses armées ne vous écrasent sous leurs pieds sans le savoir.
  2. Et Salomon sourit à ces paroles de la fourmi, et dit : Seigneur ! fais que je te sois reconnaissant pour les bienfaits dont tu m’as comblé ainsi que mes pères ; fais que je pratique le bien pour te plaire, et assigne-moi une part dans la miséricorde dont tu environnes tes serviteurs vertueux.
  3. il passa en revue l’armée des oiseaux, et dit : Pourquoi ne vois-je pas ici la huppe ? Est-elle absente ?
  4. En vérité, je lui infligerai un dur châtiment, ou bien je la tuerai, à moins qu’elle ne me donne quelque excuse légitime.
  5. En effet elle ne resta pas longtemps sans venir, et dit à Salomon : J’ai appris ce que tu ne sais pas ; je viens de Saba avec des nouvelles certaines.
  6. J’y ai trouvé une femme régnant sur les hommes ; elle possède toute sorte de choses et elle a un grand trône[1].
  7. J’ai vu qu’elle et son peuple adoraient le soleil à côté de Dieu : Satan a embelli leurs œuvres à leurs yeux ; il les a détournés de la vraie route, en sorte qu’ils ne sont point dirigés,
  8. Et qu’ils n’adorent point ce Dieu qui produit au grand jour les secrets des cieux et de la terre, qui connaît ce que vous cachez et ce que vous publiez ;
  9. Ce Dieu hors lequel il n’y a point de Dieu, possesseur du grand trône.
  10. — Nous verrons, dit Salomon, si tu as dit vrai ou si tu as menti.
  11. — Va-t’en avec cette lettre de ma part ; remets-la-leur, et place-toi à l’écart ; tu verras quelle sera leur réponse.
  12. La huppe partit et s’acquitta de sa mission. La reine dit aux grands de son royaume : Seigneurs, une lettre illustre vient de m’être remise.
  13. Elle est de Salomon ; en voici le contenu : « Au nom du Dieu clément et miséricordieux,
  14.  » Ne vous élevez pas contre moi ; venez plutôt à moi, vous abandonnant entièrement à Dieu[2]. »

  1. Selon les mahométans, le nom de cette reine de Saba était Balkis. Le trône dont il est ici question était d’or et d’argent, long de quatre-vingts coudées, large de quarante, et haut de trente. Il était surmonté d’une couronne de perles et de pierres précieuses. Il est encore question de baba au chap. XXXIV.
  2. Les mots : abandonnée à la volonté… ne peuvent s’entendre autrement que par rapport à Dieu ; aussi pourrait-on traduire ici : Faites-vous musulmane. Nous avons déjà fait observer ailleurs que Mahomet cherchait à rattacher ses dogmes à ceux des anciens prophètes d’Israël.