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L’amour !… Tous les amours, tu les connus, ô mère,
Ô femme ! — Et nous sentons que ton cœur a vibré
Sous l’étreinte d’un mal tour à tour adoré
Ou maudit : joie intense, ou bien douleur amère.

Nous t’écoutons avec respect, sans raillerie,
— Comme on écouterait les aveux d’une sœur –
Quand ta voix nous prenant à son timbre berceur
Murmure doucement une plainte attendrie.

Et nous pleurons tes pleurs, et nous vivons ta vie,
Et, — sans savoir comment — sur ton livre penchés,
Nous sommes à la fois étonnés et touchés
Nous, les sceptiques froids, d’avoir l’âme ravie.

Et c’est là ce qui fait ton œuvre souveraine
Plus que n’eût fait un art subtil et tourmenté.
Et c’est très justement que la postérité
Te salue, ô poète ! en ta gloire sereine !


Marthe Stiévenard.