Page:Le Nismois - L’Armée de volupté, 1900.djvu/21

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d’une très jolie femme qui, assise à une table avec une autre, dénotant en effet dans son genre la qualité de soubrette, prenait un verre de sirop.

— Mauvaise conseillère, la solitude, Madame, dit-il en saluant fort convenablement.

On l’examina de la tête aux pieds, on sourit et on répondit :

— N’est-elle pas préférable à la société de rustauds et de bélîtres !

— Vous êtes sévère ! Me permettriez-vous de rompre votre solitude ?

— Pourquoi pas ?

— Ah, voilà qui est gentil ! Une petite place et je tâcherai…

— De me distraire ? Je ne demande pas mieux, marchez.

Émile éprouvait de l’émotion et du plaisir. La femme, non seulement était fort jolie et fort élégante, d’une élégance de bon goût, mais avait un je ne sais quoi, qui lui donnait une ressemblance étonnante avec la terrible Lucette.

— Voilà de la chance, se dit-il en lui-même, si je conquérais l’ombre à défaut de la proie !