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les jumeaux

corde pleine de beau linge bien blanc, venait de casser et de tomber dans la cour ! Et où, pendant qu’elle courait le ramasser, elle oublia la lessiveuse qui se vidait ; et où, l’eau coulant sur le plancher, les jumeaux furent tellement enthousiasmés qu’ils secouèrent avec excès leur balançoire, les secouèrent si fort, dansant comme des polichinelles, qu’une des deux céda, comme la corde à linge, et que le petit André se trouva assis et barbottant dans l’eau, pour son plus grand bonheur.

Mais non pas, vous pensez bien, pour celui de la mère rentrant avec sur les bras, tout son linge qu’il faudrait de nouveau rincer ! Une autre voyant tout cela, se serait découragée. Elle boucha vite la lessiveuse, releva le jumeau, épongea le plancher sans prendre le temps de penser à rien. Elle avait chaud et sûrement, elle était un peu énervée, mais comme elle avait bon caractère, au lieu de pleurer, elle se mit à rire ! À y regarder deux fois, c’était en effet comique cette illustration parfaite du proverbe : un malheur n’arrive jamais seul.

Ce midi-là, son mari rentrait tôt, pour lui permettre de courir en ville s’acheter un manteau. Mais quand elle eut fait le récit de sa matinée, il lui dit :

— J’aimerais mieux que tu ne sortes pas, c’est évidemment ta journée malchanceuse. Tu vas te faire écraser !

Et elle ne sortit pas, surtout parce que, en vérité, elle était un peu fatiguée. Son blanchissage, avec tout ça, c’était deux fois qu’elle l’avait fait,