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les jumeaux

la maison où le malheur a frappé, quelle désolation !…

Cette maison que les jumeaux avaient, un mois plus tôt, fait résonner de leurs rires, résonnait de l’éclat des pleurs. Comment celle qui avait si tendrement chéri ses enfants pouvait-elle se résigner à les voir à jamais séparés, à en perdre un, si brusquement, et apparemment si… inutilement, non pas tué dans un combat, tué pour rien, en pleine jeunesse, en pleine force.

Le désespoir régna, et puis Dieu l’apaisa. Dieu qui veut que baptisé, l’on dise : « oui, Père », à tout ce qu’Il permet, ce qu’il demande. Ce « oui, Père », il fallut l’arracher au cœur maternel si déchiré, il fallut l’arracher deux fois : d’abord pour faire accepter la mort, puis pour faire accepter le cercueil scellé. La pauvre mère ne verrait pas son fils dormir son dernier sommeil…

Mais pendant que s’écoulaient ces dures heures, qui bien supportées allaient accumuler, pour le jeune mort, les mérites qui lui ouvriraient plus tôt la porte du ciel, la famille dans la douleur se rapprochait. Le fils aîné, et Guy, par leur courage, par leurs paroles, prouvaient à leur mère, qu’ils demeuraient, même échappés à son aile, de solides chrétiens. On parlait plus et avec plus d’émotion. On se disait ce que d’habitude on pense, mais qui reste caché sous le front, et les sentiments qui n’avaient jamais été exprimés, tout à coup sortaient des cœurs et faisaient à la mère un rempart de tendresse et de consolation.

Et ses larmes coulèrent peu à peu avec plus de résignation, moins de désespoir. Il y avait des