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le château

dait à retrouver son amie un peu alanguie et nonchalante, mais non encore malade.

Elle apprit ce qui s’était passé. Un rhume qui persistait, des angoisses, des faiblesses. L’opinion des médecins était encore obscure. Ils avaient tenu à savoir si Suzanne avait eu la scarlatine. Ils avaient dit :

— La scarlatine laisse de ces hypothèques sur le système…

La gaieté de Marielle survécut à ces mauvaises nouvelles. La route était si belle. La voiture filait parmi les verdures luisantes, l’odeur apaisante de la campagne. La voiture allait, montait, tournait, descendait, remontait ; puis après avoir longé un bout du lac des Deux-Montagnes, suivait une étroite rivière qui coulait presque à la hauteur du chemin.

— Nous approchons. Mais il n’y a rien à voir. Le bois cache toute la maison. Elle est là-haut, vois-tu ? ce bout de pignon qui dépasse ?

Marielle ne voyait qu’une colline très verte.

— Il y a trop d’arbres. Nous en ferons abattre. Tiens, nous voici chez nous.

On voyait au bord de la route une petite ferme, et en arrière, les grands bâtiments que Marielle avait déjà tant admirés sur les photos. Mais le château, où était-il le château ?

La voiture continuait. À un quart de mille plus loin était la barrière. Une route qui montait tout de suite dans l’épaisseur du bois s’ouvrit avec la barrière. C’était la route étroite, casse-cou, dont Suzanne avait parlé.