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le château

De vastes fauteuils, une table basse, des sofas, faisaient le rond où causer ou lire en regardant flamber le feu, dans l’immense foyer.

— Que c’est beau, disait Marielle. Oh ! madame, quel rêve, et Suzanne qui ne m’avait rien décrit !

Un large escalier descendait de ce balcon vers le salon ; à chaque bout des degrés montaient aux ailes absolument séparées où s’ouvraient les chambres.

— Allons voir Suzanne, nous redescendrons avec elle. En chemin, regarde ma chambre.

C’était une grande chambre, au mur à peine rosé ; une grande chambre avec trois larges fenêtres qui donnaient sur la mer de verdure. L’érablière enserrait la maison. À peine apercevait-on dans le lointain un morceau du lac des Deux-Montagnes. Ce qui frappait c’était tout ce vert, toutes ces feuilles qui remuaient légèrement sous la brise du beau jour d’été. Habiter cette chambre c’était comme habiter un phare dominant la mer de feuillage.

— Que c’est beau ! dit encore Marielle…

— Viens à côté, c’est le domaine de Suzanne et ce sera le tien.

Marielle frappa, étonnée que Suzanne n’ait pas déjà entendu sa voix. Elle ouvrit la porte. Le rêve continuait ! Le pastel des murs, la cheminée, les trois fenêtres à petits carreaux, les charmants fauteuils bleus et blancs, l’étagère remplie de livres, la table à écrire, les abat-jour des lampes, le lit à poteaux… tout était beau. Mais hélas, dans le lit était étendue une Suzanne