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il n’y a pas de sot métier

un casque sombre et luisant et lisse. Guy qui venait pour quelque excursion, admirait qu’elle fût encore différente.

En riant elle lui disait parfois :

— Vous désappointez vos nobles père et mère, parce que vous êtes devenu artisan. Et moi, la Cendrillon de ma chère vieille douairière de mère, je crois que je devrais m’écouter et apprendre le métier de coiffeuse. J’adore cela. Je me console de ne point oser le faire en m’exerçant à changer ma propre tête. Comme distraction, c’est inoffensif…, et bon marché…

— Bon marché, oui ! Mais inoffensif, qu’en savez-vous ? Ah ! l’effet de toutes ces Yvette que j’aime !

Ils avaient dépassé le stage du premier aveu. Ils savaient qu’ils s’aimaient, même si le mot mariage n’était pas encore prononcé… Mais Yvette avait le droit de veiller sur la santé de Guy et de déplorer qu’il oubliât si souvent de manger, de dormir.

Elle était ce matin venue au village pour son marché, c’était l’avant-veille de Noël. Guy ne pouvait pas s’absenter, il se contenterait d’un dîner de fête chez Yvette. Elle tenait à ce que ce repas fût un succès. Pour cela, elle pouvait compter sur sa mère. Les fines herbes, celle-ci savait où et comment les mettre, et si leur table n’était pas toujours bien chargée, ce qu’on y mangeait était tous les jours excellent.

— Au moins, à Noël, je vais surveiller votre alimentation ! Et voir à ce que vous mettiez les bouchées doubles, pour toute cette semaine de