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hobo d’occasion

lons, il pensa à sa mère, à son ange gardien et… la chance souriant à la fin aux audacieux, il se raffermit et retrouva échelons et équilibre. Il était parti. Le premier pas était fait.

Mais Louis avait pris place, sur une cargaison de rails qui n’était pas un lit de roses ! En rase campagne, le train allait maintenant si vite que les rails tressautaient d’une façon bien désagréable pour le jeune homme assis dessus !

Au premier arrêt, il changea de wagon. Il en choisit un du même type, mais chargé de grosses boîtes qui pouvaient servir de siège, même si elles contenaient du matériel de guerre… peut-être explosif !… Ce wagon-là roulait mieux. Le train traversa d’abord une prairie plate et déserte. Après les premiers cinquante milles, se montrèrent très souvent des terres irriguées qui faisaient oasis dans cette sécheresse de la plaine soudain traversée de frais canaux bordés de saules. Louis avait toujours prétendu que le wagon de marchandises était le wagon-observatoire par excellence, ces convois ne se mouvant jamais à une vitesse folle comme ceux des voyageurs.

Il dut tout de même bientôt cesser de se délecter du spectacle ; le soleil se coucha, l’ombre enveloppa tout et notre hobo sans expérience entreprit sa première nuit blanche avec un enthousiasme sensiblement refroidi par le souvenir des moments qu’il avait passés suspendu au-dessus du vide, en s’accrochant au wagon à rails, à Medecine Hat. Il pria pour remercier le ciel de s’en être tiré indemne, mais il commençait à