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enthousiasme

de hobo… Le seul train de marchandises en vue se dirigeait vers l’est. Il y monta, mais dévoré de regret, et avec l’impression qu’il se trahissait avec cette volte-face.

Et il se retrouva dans ses tunnels, puis au Mont Cathédral, à Stephen, à la ligne des eaux. Là, son train fit un arrêt pour décrocher une des locomotives qui avaient aidé à vaincre la raideur des pentes. Et soudain, que vit Louis tout à côté ? Un « fret » en route vers l’ouest ! Exalté comme si saint Michel en personne était venu lui indiquer le chemin, mettant de côté toutes ses résolutions de la veille, il sauta d’un train dans l’autre, se disant : « Jamais dans ma vie, peut-être, pareille occasion ne se retrouvera ».

Et le voilà refaisant pour la troisième fois le trajet Stephen, Field, et tous les tunnels, mais cette fois avec deux jeunes gens de son âge et de son monde qui, comme lui, empruntaient ce moyen de locomotion difficile pour se rendre à Vancouver. Tom et Frank changeaient tout. Louis n’était plus seul, il pouvait parler et rire.

Mais de retour à Field, quand il fallut attendre plusieurs heures le nouveau départ, Louis ne put que se mordre les pouces. Il n’avait plus que vingt sous, de quoi acheter quelques biscuits.

Ce n’était qu’à quatre heures que le train reprendrait sa marche vers l’ouest. Heureusement, le Y. M. C. A. lui était devenu familier. Il y parcourut au moins deux fois tous les journaux que lui offrait la salle de lecture.

Puis, il roula de nouveau et chaque courbe de la route amenait maintenant un paysage neuf.