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hobo d’occasion

le convoi longeait un lac considérable. Puis, nouvel arrêt à Salmon Arm. Le serre-frein les avait prévenus qu’on attendrait là, une heure ou plus, le passage des trains de voyageurs. Car ni Louis, ni les autres n’étaient plus les novices farouches du début de leur voyage, redoutant d’être vus. Ils conversaient à présent aux arrêts avec des employés indulgents pour leur aimable jeunesse. Ils apprirent ainsi que les hobos étaient devenus des oiseaux très rares, depuis la guerre. « Autrefois, leur dit un serre-frein, nous en avions cinquante à soixante sur un seul convoi ! »

Sachant qu’ils avaient une heure à Salmon, ils occupèrent l’aube à visiter la ville. Puis, ils se postèrent devant la gare, en face d’une boulangerie. Il faisait toujours froid. Le boulanger sortit et les invita à venir se réchauffer près du four. Ils regardèrent tailler la pâte, la peser, la mettre en moule.

Le premier train de voyageurs passa. Ils continuèrent à se chauffer. Mais vint le second et tout de suite deux coups de sifflet, ce qui voulait dire : en avant !

Le train de voyageurs bloquait encore la voie, ils le contournèrent en courant et s’installèrent vite pour continuer leur voyage.

Le soleil se leva, et ils furent bien contents de le revoir. Le train traversait maintenant une contrée moyennement montagneuse. Mais la voie devait avoir à gravir d’autres pentes ; une nouvelle locomotive fut ajoutée.

Le temps continuait à s’améliorer, les nuages s’espaçaient et le soleil se faisait plus chaud.