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enthousiasme

il pouvait courir partout à son gré, il n’avait pas d’agents de police à redouter… Et après tout, puisque Poilu n’était pas, lui, obligé de retourner à l’école, aussi bien lui accorder des vacances plus longues.

Mais tout le monde, même la mère, regretta l’absence du chien. Même la mère qui ne l’avait plus pour suivre les petits quand les autres étaient à l’école. Il n’y avait pas évidemment à le nourrir, à lui ouvrir la porte, à le faire taire s’il jappait après un passant… Ces soucis en moins, ne compensaient pas le vide que Poilu avait laissé.

La mère, sûrement, ne le disait pas. Raisonnablement, elle se devait de n’en point parler, puisque son mari avait décidé de donner l’animal à la ferme…

Mais Pierrot n’avait aucune raison de cacher son ennui. Il se lamentait.

— Si Poilu était ici, personne n’oserait toucher à mon bicycle… Quand est-ce que l’on va le chercher, maman ?

— Demande à ton père…

Le père faisait des réponses évasives. Et avec le père, Pierrot savait qu’il ne fallait pas insister.

Pour ses deux premiers samedis de congé, Pierrot alla faire une excursion à l’aéroport de Dorval, sur sa vieille bécane. Il y allait avec un camarade qui n’était pas plus riche que lui, et dont la bécane était pour le moins aussi miteuse ! Pas de freins, des cadres qui avaient été de toutes les couleurs et n’en avaient plus aucune, des pneus