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enthousiasme

nais avec moi toute la série de héros de roman qui avaient vécu dans ce cadre et dont les vies avaient passionné mon adolescence…

Christiane semblait ressuscitée. Nous courûmes Paris ensemble. Le jeune ménage entreprenait de me civiliser, au fond… Nous allions de Saint-Denis à Fontainebleau, de la Madeleine à l’Opéra, du Louvre à Versailles et à Rambouillet. Nous avions la même façon de prendre en riant les mésaventures. Tout allait si bien que nous entreprîmes plus tard, après avoir traversé Paris en tous sens, de traverser ensemble toute la France…

Délicieux voyage ! et qui demeure parmi les plus beaux de mon existence. C’était le printemps, et si nous quittâmes Paris et les marronniers en fleurs, ce fut pour trouver sur la côte d’Argent, les grappes mauves des glycines et les roses qui grimpaient emmêlées sur tous les murs ; et ce fut pour retrouver la mer que nous aimions tant.

Saint-Jean-de-Luz ; Hôtel Beauséjour ! Le nom rappelait quelque modeste auberge de chez nous — en France, on manquait donc aussi parfois d’imagination ? — mais comme tout était nouveau, pittoresque, agréable et même élégant.

Je nous revois flânant au port, regardant de l’autre côté du pont, la petite ville de Ciboure et les hautes Pyrénées ; et puis, le phare de Socoa sur lequel venaient se briser les hautes lames de l’Océan. Le climat faisait du bien à Christiane. Elle était gaie ; d’ailleurs nous l’étions tous, et nos longues promenades en voiture dans les montagnes n’étaient pas silencieuses. Nous apportions avec