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monseigneur était un peu vieux

et se mit à y chercher quelque chose ; quand Anne Marie passa le seuil, elle vit qu’il cherchait toujours et que ses épaules étaient drôlement secouées.

Dans la voiture, elle pleura tout de suite, dans le train, elle pleura encore plus. Sous les draps du pullman, elle enfouissait sa peine ; elle pouvait crier même ; les roulements de ferraille du train éteignaient tout autre bruit.

Pâle, transie, timide, elle arriva le lendemain devant la supérieure qui l’avait acceptée sur la recommandation de Monseigneur et qui recula de surprise en la voyant si frêle. Elle reçut dans ses bras une petite fille qui de nouveau fondait en larmes.

Anne-Marie, tout de suite, expliqua que c’était le chagrin d’avoir quitté ses dix enfants, mais que cela passerait.

La bonne et intelligente religieuse demanda bien vite les lumières de l’Esprit-Saint, et tout bas, remercia Dieu qui déjà changeait quelque chose aux circonstances.

Deux postulantes qu’on attendait n’arriveraient que dans quatre jours. Anne-Marie voulait-elle passer ce temps chez quelque parente ? Où désirait-elle Pester au couvent comme dame pensionnaire, en attendant ?

Anne-Marie préférait rester au couvent. D’ailleurs la nuit dans le train, les émotions l’avaient tellement fatiguée, qu’elle voulait tout simplement se coucher, ne pas manger, et dormir.

— Sûrement, c’est permis.