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LA MONTAGNE D’HIVER

— Quand je respire, j’ai l’impression d’apaiser ma soif, disait Madeleine. Comment ma sœur peut-elle m’obliger à quitter tout cela pour dix jours !

Pendant le retour en ville, dans la voiture, les enfants manifestèrent sans fin leur enthousiasme et ils répétaient :

— Tante Madeleine, que tu es chanceuse de passer l’hiver aux Escarpements.

Elle leur avait fait le récit de la Noël au village, de la messe de minuit, du trajet en carriole. Pourtant l’église n’était pas si loin. On avait dû faire une promenade auparavant, par une route secondaire, pour allonger le voyage. La nuit était douce, avec tous les arbres illuminés et le ciel d’une couleur bleue indicible.

— Ô Maman, toi qui fais tout ce que tu veux de papa, demande-lui donc de nous acheter une maison aux Escarpements. Tante Madeleine pourrait l’habiter, et toutes les semaines, nous y viendrions. Ce serait épatant. Et bon pour notre santé et bon pour tout le monde, dis, maman !

— Excellente idée, mes jeunes millionnaires. Demandez-donc que la maison soit dans votre soulier, après demain matin, comme cadeau…

— Ça arrive, des choses aussi prodigieuses, maman !

— Ça pourrait vous arriver, mais plus tard…

***

Et voilà. L’année nouvelle entamée, le séjour de Madeleine à Montréal n’était plus qu’un souvenir.

Souvenir heureux et agréable, grâce aux enfants. Un sentiment de joyeuse camaraderie s’était établi entre la tante et les neveux pendant ces quelques jours. Ils avaient fait des courses ensemble, fréquenté le cinéma, les magasins, et Madeleine ensuite leur offrait à goûter dans ces curieux petits restaurants étrangers qui s’ouvraient un peu