Le fils de Jupiter n’y put tenir : « Ah ! fourbe,
« Je laverai du moins dans ton sang cette bourbe ;
» Et vous tous qui raillez mes labeurs si plaisants,
» O lutteur, j’étouffais des lions à seize ans ;
» Dompteur fier de courber les fronts de quatre bêtes,
» Dompteur lier de courber les fronts de qualrc bêtes,
» Moi j’ai réduit une hydre aux innombrables têtes ;
» Coureur, j’ai mieux que toi précipité mes pas,
» La biche aux pieds d’airain ne me fatiguait pas ;
» Chasseur, sans le secours de la flèche volante
» J’ai pris au poil du cou le monstre d’Erymanthe,
» Et, n’eussé-je purgé ni les monts ni les bois,
» Je me croirai meilleur que vous tous à la fois,
» Si, sur votre parole, au plus ignoble ouvrage
» J’ai pour le bien d’un peuple exercé mon courage. »
Il dit, et saisissant de son poing souverain
Par l’un des quatre pieds le lourd trône d’airain,
Le lança tournoyant comme un caillou de fronde
Sur le traître et ses fils ; et justicier du monde.
Couronna le plus jeune, épris de l’art sacré,
Parce qu’au lieu de rire, il avait admiré.
Il sortit du palais, rouge et plein de colère,
En criant : « Je suis las des peines sans salaire ! »
Et les femmes en foule avec des linges blancs
Essuyaient le limon qui coulait de ses flancs,
Les enfants s’attachaient à sa cuisse robuste,
Et les hommes serraient sa main puissante et juste.