Page:Le Parnasse contemporain, I.djvu/155

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Elle mourut hier après avoir dansé,
En me disant : — Mon Dieu ! c’est donc déjà passé ?
Je meurs sans rien savoir, je meurs comme une bête.

— Tu sais l’amour, lui dis-je, en lui baisant la tête,
Tu sais tout : l’herbe folle a sa fleur et son miel.
Tu peux quitter la terre et te risquer au ciel.




LES QUATRE SAISONS


— Sonnet, que me veux-tu ? — Je chante les saisons !
Le Printemps en sa fleur est l’amoureux poëte
Qui souffle dans les luths de la forêt muette,
Depuis les chênes verts jusqu’aux neigeux buissons.

L’Été, c’est un penseur à tous les horizons :
Le matin il s’éveille aux chants de l’alouette,
On voit jusques au soir flotter sa silhouette,
Tant il aime à cueillir l’épi d’or des moissons.

L’Automne est un critique effeuillant la ramure
Pour voir le tronc de l’arbre et rêver sous le houx :
L’aveugle ! il ne voit pas que la vendange est mûre.

L’Hiver, un misanthrope, un spectateur jaloux
Qui siffle avec fureur, dans l’ouragan qui brame,
Les roses, les épis, les raisins et son âme.