Page:Le Parnasse contemporain, I.djvu/156

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LA BEAUTÉ


Armé du ciseau d’or, le divin Praxitèle
Cherchait dans le paros la Vénus Astarté ;
Mais il ne trouvait pas. « O Vénus immortelle !
» Descends du ciel et parle à mon marbre lacté. »

Du nuage d’argent Vénus descendra-t-elle ?
» Qu’importe ! s’écria Praxitèle irrité :
» Daphné, Léa, Délie, Hélène, Héro, Myrtelle
» Me donnent par fragments l’idéale beauté. »

L’artiste ainsi créa Vénus victorieuse.
S’il vous eût rencontrée, ô beauté radieuse,
Femme et déesse, amour des hommes et des dieux.

Il eût fait sa Vénus sans détourner les yeux ;
Ou plutôt, embrasé des feux de l’Empyrée,
Il eût brisé son marbre et vous eût adorée.




LE DERNIER MOT DE L’AMOUR


O Femme, que tu sois plébéienne ou princesse,
En dévoilant l’amour, je te cherche où tu es.
Ton cœur est le roman que je relis sans cesse ;
Je ne te connais pas, mais je t’aime ou te hais.

J’ai secoué pour toi l’arbre de la science.
Lis ce livre, ou plutôt cherche ton cœur dedans.
Sur l’espalier d’Éros, si ta luxuriance
Est mûre, ouvre la bouche et mords à belles dents.