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TABLEAUX HOLLANDAIS


Je retrouve là-bas le taureau qui rumine
Dans le pré de Paul Rotter, à l’ombre du moulin ;
— La blonde paysanne allant cueillir le lin,
Vers le gué de Berghem, les pieds nus, s’achemine.

Dans le bois de Ruysdaël qu’un rayon illumine
La belle chute d’eau ! Le soleil au déclin
Sourit à la taverne où chaque verre est plein,
— Taverne de Brauwer que l’ivresse enlumine.

Je vois à la fenêtre un Gérard Dow nageant
Dans l’air ; — plus loin Jordaens : — les florissantes filles !
Saluons ce Rembrandt si beau dans ses guenilles !

Oui, je te connaissais, Hollande au front d’argent ;
Au Louvre est ta prairie avec ta créature ;
Mais dans ces deux aspects où donc est la nature ?




LA COURONNE D’ÉPINES


Quand le poëte passe en l’avril de sa vie,
Il cueille avec amour les fleurs de son chemin,
La grappe du lilas, l’étoile du jasmin,
Le doux myosotis dont son âme est ravie.

Tantôt c’est pour Ninon, tantôt c’est pour Sylvie ;
Pour orner le corsage ou pour fleurir la main ;
— Souvenirs de la veille — espoir du lendemain,
O poëtes, cueillez ! le ciel vous y convie.