Page:Le Parnasse contemporain, I.djvu/164

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C’est là, c’est dans ce coin qui serait l’univers,
Dans cet ancien logis, et sous ces arbres verts
Pieux comme un préau de couvent catholique,

Qu’en mes rêves je vois deux amants, muets, seuls,
Abriter un bonheur doux et mélancolique,
Ainsi qu’aux soirs de mai l’arome des tilleuls.




DÉDICACE


Comme j’ai poursuivi des mirages heureux
Au fond de tes grands yeux où le rêve s’azure,
Je veux, pour te payer ma dette avec usure,
Te faire un monument de mes vers amoureux.

Comme tes yeux m’ont fait des peines sans mesure,
Mes vers, en t’exaltant, te seront rigoureux :
Car ton nom nulle part ne sera dit par eux,
Et de le bien garder ta tombe sera sûre !

Alors, tu connaîtras aussi les regrets vains.
Ta forme sculpturale et tes contours divins
Vivront dans une image en bronze pur coulée,

Mais que l’artiste aura, par un arrêt fatal,
Condamnée à durer un âge de métal,
D’impénétrables plis barbarement voilée.


LÉON VALADE.