Page:Le Parnasse contemporain, I.djvu/234

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Et ne laisser derrière toi
Qu’un grand globe qui se balance,
Sans âme, sans vie et sans loi,
Se consumant dans le silence ;

Toi qui sauras les vieux secrets,
Avant de dormir le grand somme,
Ah ! je voudrais, ah ! je voudrais
Être à ta place, ô dernier homme !




AVRIL


Ils me diront, — pauvres fous, —
Que la terre se réveille,
Que les vents soufflent plus doux,
Qu’un ange, de sa corbeille,
Fait tomber des fleurs sur nous.
 
Ils me diront qu’au cerveau
Montent, comme les fumées
D’un vin étrange et nouveau,
Mille senteurs bien aimées,
Et que c’est le renouveau.

Hélas ! je leur répondrai :
J’ai froid, fermez bien ma porte,
Jamais je ne vous croirai.
Pour moi, depuis qu’Elle est morte,
Le printemps est enterré.