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LES MASQUES




Ainsi qu’en carnaval, ainsi qu’à la Courtille,
Dans le demi-jour triste, équivoque et blafard
De nos froides cités, hurle, gronde et fourmille
Un essaim chamarré d’or faux, couvert de fard.

Des masques, des faux nez ! L’un gai, l’autre morose,
Et, suivant le manteau dont il est revêtu,
L’un habillé de noir, l’autre habillé de rose,
Fanfaron de vice ou fanfaron de vertu.

Dons Juans en paletot dont nul n’a dit les hontes,
Les stigmates sans nom par le carton cachés,
Et dons Juans repentis qui, devenus Gérontes,
En larmes de carton pleurent leurs vieux péchés.

Salut à vous, salut et paix à votre cendre,
A votre souvenir qu’ils n’ont pas effacé,
Très-vertueux Scapin, très-aimable Cassandre,
Honnêtes et joyeux masques du temps passé !

Napolitains, et vous illustres Bergamasques
Qui ne fûtes du moins tristes ni solennels,
Ni pleurards, vous auriez pitié de tous ces masques,
Plagiaires guindés de types immortels.