Page:Le Parnasse contemporain, I.djvu/268

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EN SORTANT DU CIMETIÈRE


Nous revenions, tous deux, par le triste chemin,
Qui s’emplissait déjà d’une foule pressée.
Tous avaient le pas lent et grave la pensée…
Peut-être songeaient-ils à leur tour pour demain ?

Je sondais, grave aussi, ce large flot humain,
Quand je vois une enfant par sa mère embrassée ;
La fillette à la marche était mal exercée,
Mais portait bravement sa couronne à la main.

La couronne était large et faite d’immortelles,
On y lisait, en noir sous de blanches dentelles :
« A ma Grand’Mère… » Et puis, l’enfant avait passé, —

Ému, je la suivis de l’œil dans le grand nombre,
Cette petite fille, aube visitant l’ombre,
Jeune avenir allant saluer un passé.




L’IDÉE


Fluide parcourant les sentiers de l’espace,
Étincelle échappée au foyer créateur,
Elle plane, invisible, elle flotte, elle passe,
Ayant la fantaisie… un souffle pour moteur.

Elle suit son chemin, lente, mais jamais lasse ;
Est calme, ou véhémente, — et, quand, de sa hauteur,
Elle a touché les bords de notre terre basse,
Pour devenir lumière entre au cerveau quêteur.