Page:Le Parnasse contemporain, I.djvu/27

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III


Les trois spectres sont là qui dardent leurs prunelles.
Je revois le soleil des paradis perdus !
L’espérance sacrée en chantant bat des ailes !

Et vous, vers qui montaient mes désirs éperdus,
Chères âmes, parlez ; je vous ai tant aimées !
Ne me rendrez-vous plus les biens qui me sont dus ?

Au nom de cet amour dont vous fûtes charmées,
Laissez comme autrefois rayonner vos beaux yeux ;
Déroulez sur mon cœur vos tresses parfumées !

Mais tandis que la nuit lugubre étreint les cieux,
Debout, se détachant de ces brumes mortelles,
Les voici devant moi, blancs et silencieux.

Les trois spectres sont là qui dardent leurs prunelles.


IV


Oui ! le dogme terrible, ô mon cœur, a raison.
En vain les songes d’or y versent leurs délices,
Dans la coupe où tu bois nage un secret poison.

Tout homme est revêtu d’invisibles cilices,
Et dans l’enivrement de la félicité
La guêpe du désir ravive nos supplices.