Page:Le Parnasse contemporain, I.djvu/46

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Et que, l’œil fou de l’auréole
Qu’allume ce serpent vermeil,
Elle prenne un jour pour idole
Le fier jongleur, aux Dieux pareil !




RÉDEMPTION


Pour aimer une fois encor, mais une seule,
Je veux, libertin repentant,
La vierge qui, rêveuse aux genoux d’une aïeule,
Sans m’avoir jamais vu, m’attend.

Elle est pieuse et sage ; elle dit ses prières
Tous les soirs et tous les matins,
Et ne livre jamais aux doigts des chambrières
Ses modestes cheveux châtains.

Quelquefois, le dimanche, en robe étroite et grise,
Elle sort au bras d’un vieillard,
Laissant errer la vague extase et la surprise
Innocente de son regard ;

Et les oisifs n’ont point de pensers d’infamies
Devant ces yeux calmes et doux,
Lorsque dans les jardins, chez les fleurs, ses amies,
Elle arrive à ses rendez-vous.

Elle est ainsi, n’aimant que les choses fleuries,
Préférant, pour passer le soir,
Les patients travaux de ses tapisseries
Aux sourires de son miroir.