Page:Le Parnasse contemporain, I.djvu/89

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O bois éolien ! sous ta voûte natale,
Seul, écoutant au fond de tes sombres retraits,
Pareille au bruit lointain de la mer sur les grèves,
Ta respiration onduleuse et sans fin.
Dans le sévère ennui de nos vanités brèves,
Fatidiques chanteurs au douloureux destin,
Vous épanchiez sur moi votre austère pensée ;
Et tu versais en moi, fils craintif et pieux,
Ta grande âme, ô nature ! éternelle offensée !
Là-bas, bien loin d’ici, dans l’azur, près des cieux,
Vous bruissez toujours au penchant des ravines ;
Et par delà les mers, du fond des jours passés,
Vous m’emplissez encor de vos plaintes divines,
Filaos chevelus, d’un souffle lent bercés !
Et plus haut que les cris des villes périssables,
J’entends votre soupir immense et continu,
Pareil au bruit lointain de la mer sur les sables,
Qui passe sur ma tête, et meurt dans l’inconnu !




LA NUIT DE JUIN


La nuit glisse à pas lents sous les feuillages lourds.
Sur les nappes d’eau morte aux reflets métalliques,
Ce soir traîne là-bas sa robe de velours.
Et du riche encensoir des fleurs mélancoliques,